La mare

Huile : 55 x 43

Le petit trou du volet avait laissé pénétrer peu à peu du jour. Doucement il était sorti. Il irait se réveiller près des eaux dormantes.
Il rejoignit la mare. Les secrets de la nuit s’y dissipaient. Les rayons du soleil venaient transpercer la brume matinale. Leurs dessins donnaient vie à une aquarelle lentement animée. Elle devenait transparence, la magicienne dévoilait des formes, le rideau de perles allait se lever, le strip-tease pouvait commencer.
La légèreté de la scène l’étonne encore, rien ici n’est tout à fait défini. De subtiles incertitudes règlent le spectacle. Les crayons de couleur jouent au Mikado dans les aulnes.
Sur l’eau, des bulles cristallines captent les nuances comme autant d’arcs-en-ciel. Les jeunes gardons chassent. Les joncs, roseaux et arbrisseaux se penchent sur la belle mouillée et saluent ses courbes avec gratitude. Une libellule posée et engourdie attrape dans ses ailes sucrées des jaunes dorés, des bleus turquoise.
Des rouges garance, carmin et magenta la réchauffent de leur éclat de braise.
Bientôt dans la tiédeur des ombres la grande flaque l’accompagnerait rêver et goûter aux fruits juteux de son jardin sauvage.
La pêche serait agréable.
Une petite perche s’est fait surprendre. À sa sortie de l’eau ses écailles argentées flashent la surface. Le soleil monte. Le saucisson va connaître de l’Opinel. La libellule a trouvé un compagnon. Leurs vols rasants sont interrompus de baisers furtifs. La libellule elle s’appelle La Belle Lulu, ses ailes sucrées fondent d’amour pour lui. Lui le libellule c’est Jojo, il pense qu’il va bientôt conclure.