Bouteille et planche à découper

Huile : 55 x 38

Je ne sais plus bien ce qu’on a fait hier soir avec Josette j’ai mal aux côtes, sûrement qu’on s’est bien marré.
Par contre, j’ai sûrement rêvé que je conduisais un 38 tonnes et que j’arrivais dans une mare…j’ai comme des bulles dans la tête et un ronflement de moteur, un diesel, un bon mal de crâne, ça tire sur les oreilles, comme celles d’un âne qui me poussent.
Impossible de retrouver ma brosse à dents.
– Josette, t’as pas vu ma brosse à dents ?
Mais qu’est-ce qu’elle fout celle-la, encore parti traîner !
Je les laverai demain, pour ce qui est de l’haleine je n’y parlerai pas aujourd’hui.
Mon rasoir, mon Bic jetable, mon plus vieux, comme neuf, disparu !
– Josette ! je trouve plus mon rasoir !
Mais qu’est-ce qu’elle fout !
Je me raserai demain, aucun risque de la piquer je ne l’embrasserai pas aujourd’hui.
Et plus de slips propres ! Le bleu ciel qui restait hier il est où ?
– Josette !
Tant pis, je remets le même, je ne le lui baisserai pas aujourd’hui.
Et plus de clef de voiture et plus de voiture non plus !
– Josette ! Josette ! Josette !
La voiture, j’en avais besoin aujourd’hui !
Là, un mot déposé, sa belle écriture soignée. Ah! Ma Josette si appliquée : « Abruti, tu sais Raymond, le gros livreur de vin, celui qui t’a apporté tes 6 cartons de Château Paillet Quancard et tes 4 cartons de Cuvée Clémence, celui avec qui tu as entamé largement un carton, celui que tu as retenu pour saucissonner sur ta planche à découper spéciale invité délicat, celui que tu as charrié sur son gros bidon et sur sa verrue au menton en forme de téton, il tient mieux l’alcool que toi.
Il a juste pris une brosse à dents, un rasoir jetable et un slip propre pour la route, j’avais cochonné le sien hier soir. On prend la voiture, il te laisse son camion et son pinard, connard !