La menthe à l’eau

Huile : 41 x 33

Amanda, il la surnommait Mandarine tant ses cheveux bouclaient roux. Ses cheveux bouclaient roux sur ses seins doux. Dans l’effusion, quand les sens s’emmêlaient, il mêlait les sens pour lui crier Amandarine.
Ah, peler la Mandarine !
Sa Mandarine, sa corbeille de fruits, la peau de pêche blanche, les oranges juteuses par devant, les pamplemousses fermes par derrière. Sa Mandarine, sa petite épicerie, avec son panier garni, bien garni, son étalage, et les senteurs de poivre, de gingembre, de noix de muscade au déshabillage.
Ah, peler la Mandarine !
Il s’appelait Mario. Elle le trouvait goûteux comme un sirop. Elle lui disait : « Tous les parfums du monde me reviennent sur ta peau, mon Mario, sucré comme un sirop. »
Elle s’en goinfrait de son Mario. Elle s’en désaltérait canadien sirop d’érable, s’en abreuvait polonais sirop d’orgeat, le dégustait espagnol à la grenadine, l’aspirait marocain au citron, le lichotait cambodgien aux litchis, le sublimait africain, australien, philippin, indonésien, sirop de groseille, de fraise, d’orange, de mangue, de cassis, d’abricot, son corps, une mappemonde.
Il la pelait, elle le sirotait, elle le sirotait.
Lui se disait qu’avec le penchant qu’elle avait pour l’international, il avait intérêt à se méfier pour ne pas se retrouver largué comme une vielle fiente sirop de menthe, comme un ballot menthe à l’eau.
Il craignait particulièrement les marchands de bonbons des aéroports.