Le pavillon des Capucins

Huile : 65 x 50

Galerie du Pavillon des Capucins.

1 Le Maire et son discours.
« Nous sommes fiers et honorés » commença le maire, qui disait nous pour je, ce qui permet de dire ce qu’on veut sans trop se mouiller. Dehors il pleuvait.
« Nous sommes fiers et honorés d’accueillir en ces lieux … » il parla longuement de lui et des lieux, « notre ami Jean-Pierre LANIESSE … », c’est moi ! « Né à Coulommiers … » continua-t-il, je me dispersais, « d’une famille bien connue … son épouse … », je n’écoutais plus, connaissant mieux que lui ma famille et ma femme, et même dans le détail.
La pluie sur la verrière en clapotis guillerets applaudissait mes peintures.

2 Le Responsable de la Galerie et son discours.
« Nous sommes fiers et honorés d’accueillir en ces lieux … » commença-il-lui aussi, je décrochais immédiatement n’aimant pas les copieurs. Quand je refis surface il terminait par : « et c’est toute l’extraordinaire ambivalence de l’artiste souverain de solliciter d’autres audaces que celles de la banalité amoureuse habituelle dans un monde équivoque qui s’étiole et s’éteint à force de lumières par trop artificielles et conjecturales. »
Je restais songeur.
La pluie sur la verrière m’offrait un feu d’artifice. Les murmures attentionnés du public semblaient caresser mes toiles d’un vernis doux et satiné.
Je me secouais, c’était à moi.

3 Le peintre et son discours.
« Nous sommes fiers et honorés » commençais-je moi aussi pour faire comme les autres, « de Balzac » ajoutais-je, peut-être maladroitement « d’avoir peint des peintures avec des couleurs et qu’elles vous plaisent à peu près, mes chers compatriotes si sympathiques. »
Et : « Si j’avais su qu’il pleuve j’aurais peint le ciel gris. »
Et : « Si j’avais su qu’on ne soit que trois, je serais resté au lit. »
D’ailleurs, content de la rime, je me rendormis. Sur le zinc de mon toit, la pluie.