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Huile : 41 x 33 x 3
Les mouettes rentraient. Par flots, par vagues, en petits groupes, elles revenaient des terres vers la mer, petite émotion quotidienne. C’était à la nuit tombante, chaque soir, dans un silence étonnant, pas de cris, seulement des frottements sur l’air que l’on percevait, pour se laisser porter, le mouvement des ailes était le même pour toutes, régulier, soigneusement décidé, entêté.
Je rentrai. Par flots, par vagues, en petits groupes, d’autres voitures revenaient. Du travail au domicile, chaque soir, dans un bruit de casseroles nous étions des milliers à effectuer le même trajet, les mêmes gestes, bêtement, machinalement, quelques fois en criant, en jurant, en invectivant.
C’est écrit, l’accident me guette, de la circulation ou cardiaque. Je l’attends. Je l’attends tant qu’il arrive sous la forme d’un camion, pas énorme, mais mortel cependant. Rideau ! Je m’en fous, je renaîtrai en mouette et volerai sereine dans la jouissance des soirs d’été accompagnée de copines rieuses et je chierai sur vos pare-brise.
J’y suis, je suis revenu en oiseau blanc, l’adaptation a été facile, enfant j’ai pratiqué le cerf-volant.
Nous rentrions. Par flots, par vagues, en petits groupes, nous revenions des terres vers la mer, à la nuit tombante, chaque soir. Notre vol est paisible, la ville est dépassée, nous franchissons dunes, sables et plages, sous la lune la mer reflète des argents de surface encore miroirs scintillants. Dans les fonds des bleus engloutis se devinent. Comme d’habitude, une conne klaxonne pour doubler.