Sablonnières (2)

Huile : 100 x 73

Si seulement j’avais trop de santé, j’en donnerais à mon docteur qui n’en a pas assez. Quand je le consulte, il se confie, je le rassure et le réconforte, de le voir souffreteux, ça m’énerve, il a fait de moi un patient impatient.
Si seulement j’avais trop de bonheur, j’en distribuerais un peu chaque jour pour quelque chose qui m’attriste et me fait mal au cœur. J’en ferais profiter l’enfant qui pleure ou le vieux qui meurt ou le contraire, et moi je serais moins barbouillé. Peut-être que j’irais moins voir mon docteur.
Si seulement j’avais trop de talent, je l’étalerais avec splendeur. Adulé, encensé, j’aurais tous les honneurs. Fortuné, je changerais sûrement de docteur.
En parlant de talent, le paysage d’un matin sur le village de Sablonniéres j’en aurais aimé les arbres à la Corot, les toits à la Pissarro, le ciel à la Prévert, Herbert von Karajan pour orchestrer l’ensemble.
N’en parlons plus, malgré un certain allant, je me montre assez lent à avoir du talent. En tout cas, mes meilleurs amis trouvent ce tableau charmant, pas mon docteur évidemment.